Changer un joint de robinet : Comment le faire soi-même ?

Un robinet qui goutte, ce n’est pas normal. Même si la fuite est minime, elle signale un défaut d’étanchéité qu’il ne faut pas ignorer. Dans la plupart des cas, c’est simplement un joint usé qui ne remplit plus son rôle. Si vous attendez trop, l’eau peut s’infiltrer, abîmer le meuble, créer des moisissures, ou faire grimper la facture.

Dans ce guide, vous allez apprendre à remplacer un joint de robinet mélangeur ou mitigeur, de façon simple mais rigoureuse. Chaque étape est expliquée clairement, avec le regard d’un professionnel habitué aux installations courantes. Vous saurez quels outils utiliser, comment démonter les pièces sans les casser, et surtout comment éviter de devoir tout refaire deux jours plus tard..

Pourquoi un joint de robinet finit toujours par céder

Il ne faut pas se le cacher : les joints sont les pièces les plus sollicitées dans un robinet. Ils subissent chaque jour les variations de pression, les ouvertures et fermetures répétées, les micro-vibrations et parfois même les effets de l’eau trop calcaire. Avec le temps, le caoutchouc perd en souplesse, se fissure, se durcit ou se désagrège. Résultat : l’eau trouve un passage, et la fuite commence.

Il est rare qu’un joint se détériore seul sans raison. Très souvent, il y a d’autres signes qui précèdent la fuite : poignée dure à tourner, grincement au niveau de l’ouverture, ou goutte persistante après la fermeture complète. Ignorer ces signaux revient à retarder l’inévitable.

Il existe plusieurs types de joints utilisés selon le modèle du robinet : le joint plat, le joint torique, et le clapet (souvent monté sur une rondelle). Chacun a son rôle et son emplacement précis. Les mélangeurs anciens, par exemple, fonctionnent avec des clapets à compression. Les modèles plus récents comme les mitigeurs intègrent des cartouches à disques céramique avec des joints toriques d’étanchéité. Ce n’est pas le même type d’intervention.

Comprendre le rôle du joint dans son robinet, c’est donc comprendre sa plomberie dans son ensemble.

Identifier le modèle de robinet et le type de joint à changer

On ne démonte pas un robinet à l’aveugle. Avant toute chose, identifiez le type de robinet que vous avez : mélangeur classique à deux poignées ? Mitigeur à manette unique ? Robinet thermostatique ? Cette étape vous évite d’acheter les mauvais joints ou d’abîmer une pièce que vous auriez pu conserver.

Les mélangeurs sont faciles à reconnaître : ils ont deux têtes, une pour l’eau chaude et une pour l’eau froide. Dans chaque tête, se cache un petit clapet en caoutchouc, parfois fixé sur une rondelle métallique. Ce clapet sert à bloquer ou libérer l’eau en tournant la poignée.

Les mitigeurs, plus modernes, contiennent une cartouche centrale, souvent en céramique, qui permet de gérer à la fois le débit et la température avec un seul levier. Ici, les joints ne sont pas visibles directement : il faut démonter la cartouche et changer les joints toriques situés à sa base.

Dans les deux cas, avant d’agir, il faut fermer l’eau au niveau des vannes d’arrêt (si elles sont présentes sous l’évier), ou carrément couper l’alimentation principale du logement.

Un conseil de pro : prenez une photo du modèle de votre robinet et, si vous le pouvez, démontez la pièce et apportez le joint usé en magasin. Cela vous évite d’acheter un joint « approximatif » qui ne tiendra pas.

Les outils indispensables pour intervenir proprement et efficacement

Un remplacement de joint mal préparé se transforme vite en casse-tête, surtout quand l’écrou est grippé ou que la tête est coincée par le tartre. Pour éviter d’abîmer le matériel ou de perdre patience, prévoyez ce matériel :

• Une clé plate ou une clé à molette (selon le type de tête)
  
• Un tournevis plat (pour les caches décoratifs) et un cruciforme
  
• Une pince multiprise avec mordaches plastiques (pour ne pas rayer les chromes)
  
• De la graisse silicone (pour lubrifier les joints neufs)
  
• Un seau, une éponge, et un chiffon absorbant
  
• Du vinaigre blanc pour nettoyer les traces de calcaire
  
• Et, si vous êtes précautionneux, une lampe frontale pour bien voir sous l’évier
  

N’oubliez pas que certains modèles sont montés avec des vis cachées sous un capuchon (souvent bleu ou rouge selon l’arrivée d’eau). Il faut parfois les extraire doucement avec un petit tournevis.

Le bon outillage fait la différence entre une réparation de 20 minutes et une galère de deux heures.

Étapes détaillées pour changer un joint sur un mélangeur

Le remplacement d’un joint sur un robinet mélangeur est plus simple que sur un mitigeur, car les composants sont plus accessibles et la mécanique est souvent moins complexe. Toutefois, il ne faut pas confondre simplicité et négligence : chaque étape doit être réalisée avec soin pour garantir l’étanchéité et éviter que la fuite ne réapparaisse. Voici, dans le détail, comment procéder correctement.

Couper l’eau et vider le circuit

Avant toute chose, il est impératif d’interrompre l’arrivée d’eau. Cela se fait généralement à partir des robinets d’arrêt situés sous l’évier, mais si ceux-ci sont bloqués ou inexistants, il faudra agir sur la vanne principale du logement. Une fois l’eau coupée, ouvrez le robinet concerné en position maximale pour vider complètement la canalisation et évacuer la pression résiduelle. Ce geste permet d’éviter les projections ou les écoulements incontrôlés pendant l’intervention.

Il est également recommandé de poser un seau ou une bassine sous le robinet, et d’avoir une éponge à portée de main. Même avec l’eau coupée, quelques centilitres peuvent rester dans le corps du robinet ou dans le flexible.

Enlever la poignée du robinet

La poignée, souvent décorée d’un cache bleu (eau froide) ou rouge (eau chaude), doit être retirée pour accéder à la tête du robinet. Insérez un petit tournevis plat sous le cache pour le faire sauter délicatement sans abîmer la finition. Sous ce cache se cache une vis cruciforme qui maintient la poignée sur l’axe.

Desserrez la vis en la tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, puis tirez la poignée vers le haut. Elle peut opposer une légère résistance, surtout si du calcaire s’est déposé autour. Si besoin, bougez-la légèrement d’avant en arrière pour faciliter son retrait, sans forcer brusquement.

Dévisser la tête de robinet

La tête du robinet est la pièce qui abrite le mécanisme d’ouverture/fermeture et le clapet. Pour y accéder, il faut la dévisser à l’aide d’une clé plate ou d’une clé à molette bien ajustée. Attention à ne pas glisser ou marquer le chrome : si vous utilisez une pince multiprise, insérez un chiffon ou des mors de protection.

Il n’est pas rare que la tête soit bloquée par du tartre accumulé avec le temps. Dans ce cas, versez un peu de vinaigre blanc chaud autour de la base et laissez agir quelques minutes. Cela aide à dissoudre les dépôts minéraux et à faciliter le dévissage. Une fois la tête retirée, vous verrez clairement le joint usé, souvent situé au fond de la pièce ou fixé à une petite rondelle métallique.

Retirer le clapet et nettoyer le logement

Le clapet est le petit disque en caoutchouc noir ou gris qui assure l’étanchéité lorsque le robinet est fermé. Il est parfois maintenu par une vis centrale ou simplement emboîté. Retirez-le avec soin, sans le déchirer, puis nettoyez soigneusement le logement dans lequel il reposait.

Cette étape est cruciale : le joint neuf ne pourra assurer une bonne étanchéité que si son support est propre et lisse. Utilisez une brosse douce, un chiffon sec et un peu de vinaigre si besoin pour éliminer toute trace de calcaire, de rouille ou de particule coincée dans l’alésage.

Si vous constatez que le siège métallique est rayé, creusé ou piqué, il est possible de le roder à l’aide d’un outil spécifique appelé rodoir de siège, ou de faire appel à un professionnel pour le réusiner.

Installer le nouveau joint

Une fois l’ancien joint retiré et le logement propre, il est temps d’insérer le nouveau. Ce dernier doit être strictement identique à l’original en taille, en épaisseur et en diamètre. Il ne doit jamais dépasser ni être trop serré dans son emplacement. Un joint mal adapté provoquera immédiatement une fuite.

Avant de l’installer, il est recommandé d’enduire légèrement le joint de graisse silicone. Ce lubrifiant neutre, compatible avec l’eau potable, facilite la mise en place et augmente la durée de vie du caoutchouc en évitant qu’il ne se dessèche trop rapidement.

Positionnez le joint bien à plat dans son logement, sans le vriller ni l’écraser, puis vérifiez qu’il épouse bien le fond et ne bouge pas.

Remonter le robinet et faire les vérifications

Une fois le nouveau joint en place, remontez l’ensemble dans l’ordre inverse du démontage. Revissez la tête de robinet avec précaution, sans forcer excessivement. Replacez ensuite la poignée, vissez-la fermement, puis clipsez de nouveau le cache décoratif.

Avant d’ouvrir l’eau, assurez-vous que tous les éléments sont bien serrés et qu’aucun jeu n’est visible. Puis, rétablissez l’alimentation d’eau lentement. Ouvrez progressivement le robinet et laissez couler l’eau quelques secondes. Vérifiez attentivement que aucune goutte ne s’échappe, ni à la base, ni autour de la tête, ni sous le bec.

Faites le test en eau froide, puis en eau chaude, et observez si le fonctionnement est fluide et silencieux. Si la fuite persiste, même très légèrement, il est possible que le problème vienne du siège du robinet, et non du joint. Dans ce cas, un usinage ou le remplacement complet du robinet peut être nécessaire.

Méthode complète pour remplacer les joints d’un robinet mitigeur

Le fonctionnement d’un robinet mitigeur repose sur un système plus sophistiqué qu’un mélangeur classique. Ici, l’étanchéité est assurée par une cartouche centrale, qui peut être en céramique ou à clapets selon les modèles. Cette cartouche est équipée de joints toriques, qui garantissent l’étanchéité latérale et empêchent les fuites internes. Avec le temps, ces joints peuvent s’user, se durcir ou se fissurer. Leur remplacement nécessite méthode, précaution et observation.

L’intervention est parfaitement réalisable soi-même, à condition de disposer des bons outils, de procéder étape par étape et de respecter l’ordre de démontage et de remontage, sous peine de compromettre le fonctionnement du mitigeur.

Couper l’eau et ouvrir le robinet

Avant toute manipulation, il est impératif de couper l’alimentation en eau. Cela peut se faire à partir des vannes d’arrêt sous l’évier, ou en coupant directement l’arrivée générale si les vannes sont absentes ou bloquées.

Une fois l’eau coupée, ouvrez le robinet en grand pour libérer la pression résiduelle dans les tuyaux. Ce geste simple évite que de l’eau ne se libère brutalement au moment où vous démonterez la cartouche, ce qui pourrait mouiller l’espace de travail et créer un risque de glissade ou de court-circuit s’il y a une prise à proximité.

Ce moment est aussi l’occasion de poser une bassine sous l’évier, de retirer les objets fragiles du plan de travail et de préparer tous les outils nécessaires pour éviter les allers-retours.

Dévisser la manette du mitigeur

Sur la majorité des modèles, la manette est fixée à l’aide d’une vis de blocage, dissimulée sous un petit bouchon décoratif. Ce bouchon est généralement en plastique ou en caoutchouc, et se retire facilement avec un petit tournevis plat. Il suffit de faire levier délicatement pour l’enlever sans rayer le chrome.

Derrière ce cache se trouve une vis cruciforme ou BTR (six pans creux). Dévissez-la avec l’outil adapté, puis tirez la manette vers le haut. Selon l’ancienneté du robinet, elle peut être légèrement coincée à cause du tartre. Si nécessaire, appliquez un peu de vinaigre blanc autour de la base et attendez quelques minutes pour faciliter son retrait.

Prenez soin de poser chaque pièce dans l’ordre, sur un torchon ou une serviette, pour ne rien perdre pendant le démontage.

Retirer le cache chromé et l’écrou de la cartouche

Une fois la manette retirée, vous aurez accès au cache de finition chromé, souvent vissé à la main. Dévissez-le simplement en le tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. S’il résiste, protégez-le avec un chiffon et utilisez une pince avec précaution pour éviter de le déformer.

Derrière ce cache se trouve un écrou en laiton ou en acier qui maintient la cartouche dans le corps du robinet. Cet écrou est généralement serré fortement, car il doit résister à la pression de l’eau. Utilisez une clé plate adaptée ou une clé à molette bien réglée. Dévissez doucement, sans geste brusque, pour ne pas abîmer le filetage.

Une fois l’écrou retiré, la cartouche est prête à être extraite.

Extraire la cartouche et vérifier son état

Retirez la cartouche en la tirant verticalement. Si elle ne vient pas immédiatement, vous pouvez la bouger légèrement latéralement pour la débloquer, mais sans forcer excessivement. Certains modèles sont équipés de petits ergots d’alignement : repérez leur emplacement pour faciliter le remontage.

Avant toute chose, vérifiez bien l’orientation de la cartouche. Une erreur de sens au remontage provoquera un fonctionnement anormal (inversion eau chaude/froide, manette dure ou robinet qui coule sans arrêt). Prenez une photo de la position initiale avant de la retirer, cela évitera toute confusion.

Examinez les disques céramiques : s’ils sont fendus ou cassés, il faudra remplacer la cartouche entière. Regardez également l’état des joints toriques situés à la base de la cartouche. Ce sont souvent eux qui posent problème lorsqu’une fuite survient à la base du robinet.

Nettoyer le logement de la cartouche

Avant de remettre en place quoi que ce soit, le logement interne du robinet doit être parfaitement propre. Des dépôts de tartre, des grains de sable ou des restes de joint abîmé peuvent gêner l’étanchéité et compromettre toute la réparation.

Utilisez un chiffon sec ou une brosse douce pour nettoyer les parois intérieures du corps de robinet. Si nécessaire, appliquez un peu de vinaigre blanc pour dissoudre le calcaire, puis rincez à l’eau claire. Séchez soigneusement. Ce nettoyage minutieux garantit que le joint neuf épousera parfaitement son emplacement sans être perturbé par des irrégularités.

Il est important également de vérifier que le siège de la cartouche est intact, sans rayures ni fissures visibles. Dans le cas contraire, le robinet pourrait continuer à fuir même avec des joints neufs.

Changer les joints toriques ou la cartouche entière

Si la cartouche est en bon état mais que les joints sont usés, craquelés ou écrasés, vous pouvez simplement remplacer les joints toriques. Ils se retirent à la main ou à l’aide d’un petit crochet d’horloger, et doivent être remplacés par des modèles identiques en taille et en épaisseur.

Avant l’installation, enduisez légèrement les nouveaux joints avec de la graisse silicone, pour faciliter leur insertion et améliorer leur étanchéité. Replacez-les avec soin, sans les tordre.

Dans certains cas, les joints ne sont pas vendus séparément et il est plus simple d’acheter une cartouche neuve complète. Ce choix est recommandé si le mitigeur est ancien, ou si la cartouche présente des traces d’usure interne.

Remonter le robinet et effectuer les vérifications

Une fois les joints remplacés ou la cartouche changée, replacez-la dans son logement en respectant les repères d’alignement. Vissez l’écrou de maintien sans serrer comme une brute : un serrage franc mais raisonnable suffit.

Replacez ensuite le cache chromé, puis la manette. Revissez la vis de blocage, remettez le cache décoratif et rouvrez l’arrivée d’eau progressivement.

Actionnez le robinet dans toutes les positions et vérifiez qu’il n’y a aucune fuite, ni à la base, ni sous la manette. Si tout fonctionne correctement, la réparation est terminée.

Un conseil : si la manette est difficile à bouger, ou si l’eau a du mal à sortir, coupez de nouveau l’eau et vérifiez l’alignement de la cartouche. Un mauvais positionnement est souvent à l’origine de dysfonctionnements après réparation.

Quand choisir de changer de robinet au lieu de changer le joint de robinet ?

Il est inutile de réparer un robinet qui cumule les fuites, dont le filetage est abîmé ou dont les poignées tournent dans le vide. Dans ce cas, le remplacement complet est plus judicieux.

Un bon robinet coûte entre 40 et 120 €, selon la gamme. En comparaison, une intervention de plombier peut coûter entre 90 et 150 € selon le déplacement. Si votre robinet date de plus de dix ans, que la finition est terne, que les pièces sont introuvables ou que les joints ont déjà été changés plusieurs fois, alors la question ne se pose pas : installez un neuf.

Foire aux questions : changer un joint de robinet